Notre Dame de la Couture | Cathédrale du Mans

Méditons la Parole de Dieu avec le Chanoine Sesboüé

Deuxième dimanche du temps ordinaire

Pendant de nombreuses années, les paroissiens ont bénéficié des homélies et enseignements du Chanoine Sesboüé, exégète, ancien professeur au Séminaire et intervenant à la Formation permanente du diocèse. Après son retrait des activités paroissiales il a pris le temps de collecter et relire toutes ses homélies des trois années liturgiques. A partir du temps de l’Avent de cette Année A, chaque dimanche, nous nous réjouissons de méditer avec  lui la Parole de Dieu.

Connaître Jésus

 

C’est seulement dimanche prochain que la liturgie dominicale, en cette année A, nous fera entendre des textes de l’évangile selon Saint Mattieu. Aujourd’hui, nous restons dans l’atmosphère de l’épiphanie et plus précisément de l’expérience de Jésus à son baptême.

Jean-Baptiste est venu, nous dit notre texte, pour que Jésus soit manifesté au peuple d’Israël et le précurseur fonde sa foi au Fils de Dieu sur la théophanie de son baptême.

Cette expérience de Jésus fut-elle aussi celle de Jean ? En fait, d’après les évangiles synoptiques, il apparaît que Jésus seul fut le témoin de cette théophanie exceptionnelle : il s’est senti rempli de l’Esprit Saint et infiniment aimé du Père. Mais l’évangile selon Saint Jean reporte au début de la vie publique de Jésus la foi des contemporains qui n’a été que plus tard claire et ferme, notamment grâce aux rencontres du Ressuscité.

En fait, en nous montrant Jean-Baptiste proclamer sa foi au Messie Fils de Dieu devant cette théophanie, il nous le donne en exemple de la foi de tout chrétien. Et nous observons cet itinéraire de la foi, qui va de l’ignorance au témoignage.

L’ignorance.

Le Baptiste a au fond de lui-même cette intuition profonde de la supériorité du Messie. Celui qui vient après moi est plus grand que moi, aime-t-il répéter. Mais ici, il avoue qu’il ne le connaissait pas, c’est-à-dire qu’il n’était pas entré dans son mystère. Connaître, dans la Bible, c’est nouer avec quelqu’un des liens d’intimité.

Je connais mes brebis, c’est-à-dire je les aime dit saint Grégoire à propos de l’allégorie du Bon Pasteur.

Mais pour connaître en aimant, il faut croire ; et pour croire il faut voir, non directement mais à travers les signes.

La vue.

J’ai vu, dit le Baptiste. Tous les chrétiens ne bénéficient pas d’expériences mystiques extraordinaires. Les contemporains de Jésus l’ont vu dans son humanité et certains dans les manifestations pascales. Certes, Jésus dira à Thomas : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Si le chrétien ne voit pas Jésus comme ses contemporains et surtout comme les bénéficiaires des manifestations pascales, il ne croit pas sans rien voir. Il bénéficie de signes précieux : les textes de l’évangile qui nous font voir et entendre Jésus, la vie de l’Église qui, par-dessus ses limites humaines, témoigne d’une lumière et d’une charité qui ne peuvent s’expliquer que par la personne même de Jésus. Nous proclamons dans le Credo que l’Église est sainte. Si ses membres peuvent rester en dehors de la sainteté, elle fournit de multiples exemples de ferveur, de charité qui montrent que la sainteté fait partie de son être profond et sont comme autant d’étincelles de la lumière de Jésus.

Cette vue des signes vivants de la présence du Seigneur permet à tout homme de bonne volonté de donner sa foi en Jésus. Une foi, qui, loin de contredire les exigences de la raison, permet à celle-ci de s’épanouir dans la lumière de la révélation.

Et nous comprenons que dans l’évangile selon Saint Jean les deux mots voir et croire vont ensemble. Une vue profonde de la personne de Jésus amène à la foi en lui.

Le témoignage.

Je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.

Si la foi en Jésus est ferme et profonde, elle pousse le croyant à en parler, à rendre témoignage. Notre époque découvre davantage cette mission de tout chrétien de témoigner de sa foi, en refusant cette idée assez répandue : le domaine religieux est une affaire privée.

Le témoignage se traduit d’abord par la générosité de la vie, en fidélité à la directive évangélique : que votre lumière brille devant les hommes. Et aussi par la joyeuse fermeté de la parole. Saint Pierre écrivait : Soyez toujours prêts à répondre à qui vous demande raison de l’espérance qui est en vous.

Si certains chrétiens portent le charisme d’annoncer publiquement l’Évangile à tout-venant, la plupart préfèrent une plus grande discrétion. Gardons-nous cependant de considérer toute parole évangélique comme une atteinte à la liberté des autres.

Nous avons tous de nombreuses occasions d’aider nos frères par une parole de réconfort, de prendre parti, dans une conversation qui regarde notre foi ou la vie morale qui en découle, pour l’enseignement de l’Église qui fait partie du dépôt de la foi. Le chrétien doit alors s’exprimer dans la sérénité mais aussi dans une joyeuse fermeté.

Car foi intérieure et proclamation extérieure vont de pair. Si la bouche, dit saint Paul, professe que Jésus est Seigneur ; si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé.

Tel est l’itinéraire de la foi que ce texte évangélique nous suggère : dans l’ignorance au témoignage, grâce à une conviction de foi basée sur les signes que nous avons devant nos yeux.

Ne cessons pas de redire cet appel des apôtres à Jésus : Seigneur, augmente en nous la foi.

Une foi qui soit confiance et victorieuse de toute inquiétude.

Une foi qui crée en nous la paix et la joie de se savoir aimés infiniment de Dieu et aidés de sa grâce.

Une foi capable de résister aux pressions de l’opinion ambiante, soucieuse de facilité et surtout présence d’un grand vide spirituel.

Une foi qui rayonne de lumière et de don de soi, dans une charité de tous les jours.

 

Terminons par ce mot de Saint Irénée : La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ; et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu.

Amen.