Notre Dame de la Couture | Cathédrale du Mans

Un enfant nous est né

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L’Ensemble Paroissial Cathédrale/Notre-Dame de la Couture vous souhaite une belle fête de la Nativité

Fête de Noël. L’enfant Jésus comme tout enfant est « impuissance, faiblesse et besoin »… par le père Marcel Domergue, jésuite.

Nous voici au point d’aboutissement du récit biblique de la Première Alliance. Un enfant, un recommencement. Voici que s’ouvre un nouvel avenir. Nouvelle alliance, Homme nouveau, nouvelle création. Tout cela commence discrètement, noyé dans le remue-ménage d’un recensement symbolique. Jésus n’occupera qu’une seule ligne de la liste qui se veut celle de l’humanité entière, cette humanité que pourtant cet enfant fonde, récapitule, renouvelle. Cette refondation, ou recréation, lui demandera toute sa vie et n’aboutira que le jour de sa résurrection. Alors commencera pour les hommes une histoire nouvelle dont il sera le terme. Disons que l’histoire du Christ, de Dieu en humanité, n’est pas terminée. Sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection sont prophétiques de ce retour en gloire qu’il a annoncé comme la fin des temps. La fin : à la fois le terme et le but. À y regarder de près, ce nouveau corps du Christ qui est l’Église, la communion des disciples du Christ, en est encore à son enfance. À Bethléem, le voici donc de trop pour avoir place à l’hôtellerie, lieu de résidence et de rencontre des hommes. Déjà exclu : plus tard il sera crucifié hors de la ville. Pour le moment on nous le montre couché dans une mangeoire, là où les animaux trouvent leur nourriture. Voilà comment l’Écriture nous présente la venue du Fils de Dieu dans notre monde. Nous aurions plutôt imaginé une irruption fracassante dans le tonnerre et les éclairs. Au lieu de cela, voici une entrée discrète, secrète, comme furtive. Il en est toujours ainsi de la venue de Dieu dans nos vies. Ainsi Dieu se propose sans nous forcer la main par un étalage de puissance. Il nous revient de le reconnaître et de choisir de le suivre.

À notre merci…

Un enfant est certes un avenir, un prolongement de ses parents mais c’est aussi impuissance, faiblesse, besoin. «Enfant», étymologiquement, signifie «sans parole». Voici que Dieu se remet entre nos mains. Nous en ferons ce que nous voudrons. Il est la Vie, notre vie : que faisons-nous de notre vie? Que faisons-nous de la vie des autres, qui est vie de Dieu parce qu’en elle il se dit, s’exprime, se donne ? Allons plus loin : vivre en vérité, c’est donner la vie, donner sa vie pour faire vivre. Par là, nous devenons vivants : on ne reçoit que ce que l’on donne. Cela est déjà signifié par la paternité et la maternité et c’est bien pour cela que nous appelons Dieu «Père». On le sait, plusieurs se mettent actuellement à le nommer aussi «Mère», ce qui n’est pas en contradiction avec certains passages de la Bible. Déjà, le récit de la naissance du Christ nous fait pressentir les événements de la Pâque : le voici à la merci de nos décisions, exclu de l’hôtellerie, couché dans une mangeoire : «Prenez et mangez, ceci est mon corps…». Pour l’instant, il ne peut survivre que par des soins constants. En Philippiens 2,6-8, Paul nous dit qu’il s’est «anéanti» ou «dépouillé de lui-même» en faisant sienne la condition humaine, et il continue en nous parlant de la conclusion, du dernier pas de cet abaissement : la mort ; et pas n’importe quelle mort : «la mort par la Croix». Mais pour l’instant, livrons-nous à la joie. Les anges chantent la gloire de Dieu, de ce Dieu qui ne se réfugie pas dans sa puissance mais vient ne faire qu’un avec nous, dans notre vie et dans notre mort, pour qu’en tout ce que nous avons à traverser nous ne soyons qu’un avec lui. Pour cela Jésus va maintenant devoir apprendre à être un homme et, par là, grandir dans sa qualité de Fils de Dieu. C’est la Résurrection qui en dira le dernier mot.

père Marcel Domergue, jésuit

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